Des outils technologiques pour surveiller ses employés, « Big Brother » ou gain de productivité ?

outils technologiques pour surveiller ses employés

C’est une information qui a fait le tour des médias lors de la rentrée politique en septembre. Le Président de la République, Emmanuel Macron, utilise une application pour suivre en temps réel le travail de ses ministres : avancées, succès, échecs… Tout est répertorié, ce qui permet au Président de noter ses ministres. Cette application a été conçue exclusivement pour Emmanuel Macron et ses plus proches conseillers : Alexis Kohler, secrétaire général de l’Élysée, Benoît Ribadeau-Dumas, secrétaire général de Matignon, et Thomas Cazenave, délégué interministériel à la transformation publique. Lors de la révélation de l’affaire, la presse rapporte que certains ministres n’avaient alors absolument aucune idée de la « surveillance » dont ils étaient l’objet. Le Président est connu pour mener une politique visant à faire de la France la « start-up nation », avec une gouvernance proche du modèle du monde de l’entreprise. Car oui, ce genre d’applications est très répandue dans le privé, alors « Big Brother » ou réelles avancées en termes de productivité ? On se penche sur la question.


Le monde de la livraison, leader dans le domaine

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Le monde de la livraison est pionnier et voire peut être même leader sur ce marché de la « surveillance d’employés ». Le parcours que va emprunter le livreur, sa manière de conduire, le temps qu’il va mettre, voici des données capitales pour le cœur même de l’activité. Les employeurs ont très vite compris que la technologie allait permettre un vrai gain de productivité. Des entreprises sont devenues ainsi de véritables poids lourds sur le marché, c’est notamment le cas de Verizon Connect qui propose aux entreprises de livraison des outils de géolocalisation et de suivi de flotte. La marque explique que la géolocalisation de véhicules permet d’identifier les possibilités d’amélioration, d’accroître la productivité ainsi que de déceler les coûts cachés afin de les éviter. L’entreprise peut y voir une occasion de faire des économies, sur le carburant par exemple. La question de la surveillance de l’employé est inévitable, mais ne va-t-on pas trop loin ? Si dans le domaine de la livraison, on peut faire peser l’argument de la nécessité d’obtenir des données sur les trajets empruntés, la question est bien plus délicate lorsque l’on change de domaine.

 

Une surveillance envahissante ?

surveillance et intrusion dans la vie privée

La question de cette course à la productivité en utilisant des outils de surveillance est sujette à débat quand elle intervient dans des domaines où la productivité est difficile à chiffrer, notamment dans le tertiaire. En 2016, un scandale avait éclaté outre-Manche lorsque des journalistes du Daily Telegraph avaient découvert que leur employeur avait fait appel à l’entreprise OccupEye. Cette entreprise a mis en place des outils permettant de « surveiller » les employés. Comment mesurer la productivité de journalistes ? Par nombre d’articles à la journée ? Par le temps passé devant son écran ? Il n’est pas simple de répondre et dans ce cas la nécessité de surveiller ses employés par ce biais interroge, surtout lorsque l’on sait qu’ils n’avaient pas été prévenus de la mise en place de ce système. En France, la mise en place d’un tel logiciel sur les ordinateurs des employés serait impossible. En effet dans notre pays, la surveillance des ordinateurs des employés est légale, mais ces derniers doivent être prévenus à l’avance. De même, les logiciels ne doivent pas faire intrusion dans la vie privée de l’employé. Pourtant, on peut vite comprendre que la limite entre surveillance et vie privée peut être fine, alors comment mettre en place des outils non-intrusifs qui permettent un gain de productivité ?

 

Surveiller ses employés sans intrusion

Caméra de surveillance

La technologie est omniprésente dans le monde du travail. Si un employé utilise un ordinateur, l’employeur n’aura aucun mal à surveiller l’écran ou encore les sites visités. Mais est-ce du flicage ou un vrai gain de productivité ? La question se pose. Si l’on cherche vraiment à gagner en productivité, les solutions se trouvent peut-être ailleurs. Prenons l’exemple des chauffeurs routiers. Des entreprises fournissent désormais à leurs chauffeurs des bracelets connectés ou autres capteurs permettant de déceler la fatigue. Le chauffeur est ainsi invité à faire une pause quand il est gagné par la fatigue. Ce genre d’outils pourrait être testé dans d’autres domaines pour ainsi faire travailler l’employé sur les plages horaires où il sera le plus performant. Autre exemple, dans le monde ô combien stressant des salles boursières, certaines banques d’affaires équipent désormais leurs traders de montres connectées pouvant évaluer le stress. Le trader bénéficie d’un outil lui permettant de l’alerter en cas de trop grand stress, l’invitant à contrôler ses émotions et à ne pas prendre de décisions au moment T. On évite ainsi des actions qui, sans réflexion répondant à des émotions incontrôlées, pourraient le pousser à commettre des erreurs.

La limite entre surveillance et intrusion dans la vie privée est très mince. La recherche du gain de productivité pousse les employeurs à s’appuyer sur la technologie, mais cela peut virer au scénario Orwellien. C’est à l’employeur de trouver le juste milieu, des solutions existent et c’est peut-être ici que se joue le futur du monde de l’entreprise.